Chez Xavier

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Excuse me, I think I'm naked: on a wall of Barcelona.

Excuse me, I think I'm naked: on a wall of Barcelona.

Il y a environ deux ans et demie, une discussion me permettait de beaucoup réfléchir, en prenant enfin conscience de ce que je voulais devenir. Être un Homme, ce n'est pas subir son quotidien, mais c'est le grandir, en jouir, s'en émerveiller, et s'en enrichir. Faire en sorte que chaque journée compte, en ne prenant pas le temps de perdre son temps. S'affranchir, en somme, de la contrainte temporelle. Au Tic tac, tic tac que fait la pendule, j'oppose le boum boum, boum boum de mon cœur.

J'ai pris ce soir un abonnement au musée d'Orsay. J'aurai désormais tout le loisir d'admirer les œuvres de Seurat, Van Gogh ou Manet qui y sont exposées. M'asseoir face à l'ours de Pompon, ou dominer l'ensemble du musée depuis la passerelle là haut, juste en dessous des toits. Et, comble du bonheur, les consommations à moitié prix au "Café des Hauteurs" !

Réflexion faite, l'art nous grandit, car il est la plus honnête et la plus complexe expression de l'Humanité de son auteur. Contempler une œuvre, c'est toucher du regard la sensibilité de son créateur : il ne suffit que de s'ouvrir pour, à son tour, s'abreuver du génie humain de l'artiste. S'attarder devant un tableau, une sculpture, un bas relief, une gravure, un meuble, ce n'est donc pas simplement faire du lèche vitrine ou jouer au poisson dans son bocal, c'est percer peu à peu le mystère de la vie, c'est trouver progressivement la sortie de ce labyrinthe qui nous est proposé à la naissance. On découvre une peinture, puis on découvre un artiste, un univers créatif, que l'on situe peu à peu dans une Histoire. Si l'art assouvit les passions, s'il est le témoignage d'un temps ou d'une pensée, il est avant tout un catalyseur d'humanité, un cri de Soi.

A l'inverse, c'est en grandissant que l'on découvre vraiment une Œuvre, un corpus, un domaine artistique. Je commence à grandir, je n'ai que vingt-trois ans, mais je sens que désormais les années qui viennent seront claires. Je sais où je vais, et mes faiblesses passées et présentes ne sont plus une douleur : elles sont une richesse, car elles ne signifient qu'une chose : que je suis un homme.