Chez Xavier

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Excuse me, I think I'm naked: on a wall of Barcelona.

Excuse me, I think I'm naked: on a wall of Barcelona.

Les poings serrés, je m'enfonce dans les larges avenues, refaisant dans le noir le chemin si souvent parcouru en bus. La journée chaude cède la place à la clémence nocturne, les routes bitumées rendent les bouffées de chaleur accumulées au cours du jour.

Réveil. Ma vue est incohérente et mes pensées embrumées. Je me glisse dans la cuisine pour boire un café. Je m'attarde sur quelques gouttes glissant des arbustes, dans le jardin : il a plu cette nuit. Dans ma tête s'établit la dialectique du rêve. Il me vient à l'esprit la réflexion suivante : on ne rêve pas en regardant par une fenêtre. On rêve en fermant les yeux lorsqu'on est assis sur un banc, seul sous le soleil. On rêve lorsque, allongé sur le dos, on ne fait que contempler le travail effectué par le vent dans les branchages. On ne rêve vraiment que lorsqu'on est capable de discourir avec éloquence sans pour autant prononcer mot.

Est-ce à dire que certains propos ne m'intéressent pas, que leur futilité m'afflige au point de ne pas me donner envie de gaspiller de l'énergie pour y répondre ? Parler de la façon dont il faut faire cuire les marshmallows, par exemple, est-ce nécessaire ? L'odeur du sucre fondu, les langues de feu venant lécher les faces roses du bonbon, le lent balancement de la branche coupée quelques instants plus tôt afin d'immoler les friandises, les visages illuminés par le feu de la veillée, cela ne suffit-il pas pour Vivre le moment ?

Je m'arrête à chaque début de ligne, ou presque, pour regarder par ma fenêtre. Je contemple le ciel gris, dont je ne saisis de toute façon pas toutes les nuances. C'est le bruit des gouttes de pluie tombant contre la vitre, ce matin, qui m'a réveillé. Retour à la réalité.

  • written on: 2003-11-05